Non, le coworking n’est pas un espace de travail

Le lieu est le support du coworking, pas son essence

Le coworking est à la mode, on ne vous apprend ici rien :). Mais on appelle aujourd’hui coworking bien des choses : un FabLab comme un centre d’affaires, une agora comme quelques bureaux en trop dans des locaux. On part du principe que si un espace physique de travail peut être partagé entre plusieurs personnes, on peut qualifier cet espace de coworking.

Les anglo-saxons font eux la différence entre coworking et shared offices. Pourquoi ?

Les raisons d’être du coworking

Revenons-en aux origines du coworking. Le coworking a émergé avant tout comme une réponse à l’isolement profond que vivent de plus en plus de travailleurs.

Et quand on parle d’isolement, ce n’est pas juste avoir quelqu’un assis à côté de nous. Les villes modernes nous amènent à côtoyer des centaines de personnes chaque jour (au restaurant, dans les transports, au cinéma), et cela ne fait parfois qu’augmenter le sentiment d’isolement : on se sent souvent perdu dans cette multitude de gens qu’on croise si vite. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le coworking a émergé en ville et continue encore aujourd’hui à être une réalité massivement urbaine.

Cet isolement est accepté car il est souvent la contrepartie d’une plus grande réalisation dans son travail. Le mouvement continu de salariés vers le travail indépendant (devenir freelance) et le travail à distance (devenir télétravailleur) se nourrit de l’envie de toute une génération de travailler à son propre rythme, avec ses propres objectifs et sans subir les contraintes de l’emploi salarié (transports, nombreuses réunions, politique interne…) vues comme superflues. L’isolement qui en découle est donc compensé par le plaisir de travailler comme on le souhaite.

Mais parfois, l’isolement devient pour certains tellement lourd à vivre qu’il annule tous les bienfaits du travail autonome. C’est là que les structures de coworking émergent pour répondre à la question : comment vaincre cet isolement, lorsqu’on travaille seul ?

Le principe de communauté

Le sentiment d’isolement naît principalement de l’absence de sentiment d’appartenance à une communauté. C’est aussi pour cela que l’isolement a tant augmenté ces dernières décennies, avec la disparition progressive des communautés traditionnelles : religieuses, ouvrières, villageoises. Ceux qui font encore partie de ces communautés vivent mieux l’isolement de la période contemporaine. Néanmoins, dès lors qu’on sort de ces communautés, beaucoup ont des difficultés à y entrer à nouveau (l’urbain qui ne veut plus retourner dans son village, la catholique qui ne croit plus…).

Dès lors, il s’agit de créer des communautés nouvelles, basées sur des passions communes (sportives, artistiques), un métier (les développeurs Ruby ou les interprètes), un statut (les expatriés à Hong Kong), un but (les ONG).

Les communautés d’entraide et de discussion existent depuis longtemps, sur Internet, et apportent un soutien quotidien pour certains : forums de discussion, blogs spécialisés, groupes Facebook réunissant les amateurs de trail ou de photographie. Mais l’isolement est aussi un sentiment physique, que les solutions virtuelles ne comblent pas tout à fait.

D’autres communautés, plus traditionnelles (clubs, groupes de discussion), se réunissant sous forme de rencontres ponctuelles (une fois par mois, par exemple), apportent la dimension physique. Mais ces communautés ponctuelles ne peuvent donner le sentiment d’appartenance qu’apporte une communauté plus quotidienne.

C’est là que le lieu a sa place.

L’importance du lieu

En incarnant l’idée de communauté dans un lieu, où chacun peut venir autant qu’il le souhaite, on évite à la fois les écueils de la communauté virtuelle et de la communauté ponctuelle.

Et le lieu peut renforcer l’esprit de communauté par de nombreux aspects :

  • Fonder une architecture ouverte, qui incite à la rencontre
  • Utiliser des matériaux qui nourrissent l’image de la convivialité
  • Rendre centrales les pièces dédiées à la rencontre (cuisine, espace convivial)
  • Marquer un usage pour chaque espace, afin de créer des espaces propices à l’échange (et d’autres dédiés au calme)
  • Poser en emblèmes des éléments (bouée gonflable, peluches, figurines, etc) qui donnent le ton

On a donc aujourd’hui énormément de lieux bien dessinés et chaleureux, propices à l’échange et à la convivialité. Et comme c’est par l’entrée dans le lieu qu’une nouvelle personne découvre le principe de communauté de travail, on a naturellement tendance à en déduire que coworking = l’espace qui l’accueille.

Mais le coworking n’est pas le lieu

Comme on le disait, ce qui fait l’esprit particulier d’un espace de coworking, c’est la communauté qui s’y incarne. Et ce qui fait une communauté, ce sont des valeurs et des usages partagés.

On va vers le coworking car l’on sait que l’on va rencontrer des gens partageant un certain nombre de valeurs avec nous :

  • Volonté de travailler de manière conviviale et décontractée
  • Ouverture d’esprit et curiosité
  • Envie d’échanger et de s’enrichir de l’expérience des autres
  • Surtout, volonté de sortir de sa zone de confort, pour apprendre

De ces valeurs découlent des codes et des usages communs, qui sont construit patiemment et minutieusement par chaque coworking. Cela prend bien des formes : déjeuners partagés, tours de table pour présenter les nouveaux, possibilité naturelle d’interroger son voisin sur ce qu’il fait, ou de contacter un autre membre de la communauté….

Lorsque l’attention à la création de la communauté est importante (en faisant parfois – bien qu’exceptionnellement – des sacrifices : exclure un usager, recadrer un autre…), ce qu’on appelle une culture commune se créé alors grâce à l’homogénéité des valeurs et des usages.

C’est surtout visible pour quelqu’un qui vient de l’extérieur, et découvre une communauté de ce type. Beaucoup de visiteurs disent sentir une énergie, une envie, un esprit positif en entrant dans un coworking.

Apprentis coworkers, quel que soit le lieu où vous allez, cherchez cette énergie-là. C’est elle qui garantit, mieux que toute architecture ou tout label, un vrai coworking.

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