Chaque rentrée de septembre est différente mais celle-ci revêt un caractère particulier pour La Cordée comme pour l’ensemble des espaces de coworking. Un petit virus (en avez-vous entendu parler ?) a quelque peu perturbé notre activité et tous les plans que nous avions faits pour 2020 !
Alors, où en sommes-nous ?
Petit historique des derniers mois
Ce qui s’est passé pour nous en très, très synthétique :
- Mars : confinement. Nous fermons nos 11 espaces à Lyon, Annecy, Paris, Rennes et Nantes. 80% de l’équipe passe en chômage partiel, La Cordée est gérée à distance.
- Avril-mai : nous nous concentrons sur 3 missions. Maintenir le lien à distance avec nos membres, en particulier les freelances et entrepreneurs ; piloter au mieux la trésorerie ; préparer la reprise dans de bonnes conditions sanitaires et sociales.
- Mai : déconfinement. Nous rouvrons progressivement nos espaces à l’exception de Lyon Perrache, trop petit, que nous fermons définitivement.
- Juin-juillet-août : la vie revient petit à petit dans les Cordées, adaptées aux nouvelles contraintes. Nous lançons notre 1ère formation pour les porteurs de projet de coworking, en présentiel, oui oui !
- Septembre : nous organisons notre séminaire d’équipe de rentrée pour débriefer des derniers mois et nous projeter sur le prochain semestre. Entrée en vigueur de l’obligation du port du masque. Lancement et clôture de plusieurs recrutements liés à des départs passés ou à venir.
Ces 6 mois paraissent une éternité mais ils ont été très riches d’enseignement pour nous sur notre identité et notre projet.
Plusieurs défis à relever
Intégrer les apprentissages de la crise
Beaucoup d’organisations sont entrées en crise lors du confinement et nous n’y avons pas fait exception. Nous avions eu la bonne idée de former en amont un groupe référent sur le Covid qui a pu ensuite constituer notre première cellule de crise. Il serait maintenant tentant de considérer que cette période était exceptionnelle et que nous pourrions « revenir à la normale ». Or, une crise est un coup de projecteur sur les forces et les faiblesses d’une organisation et il nous faut apprendre de ces éclairages.
Ainsi, l’animation de communauté dans des espaces physiques est toujours au cœur de notre raison d’être (cf dernière partie de l’article). Le confinement a cependant révélé que nous manquions de coordination nationale qui aurait pu prendre le relais plus vite dans notre basculement vers les événements virtuels, et penser plus globalement la complémentarité entre l’animation présentielle et à distance. Nous avons réagi en avril avec la formalisation de cette mission et nous finissons de nous réorganiser pour l’intégrer durablement.
Par ailleurs, tous les membres de l’équipe n’ont pas les mêmes croyances et réflexes sur ce qu’il est bon de faire en cas de crise, liée au Covid ou non. Alors que les processus de prise de décision habituels sont perturbés, cela peut brouiller les esprits voire générer de l’anxiété. Lors de notre dernier séminaire, nous avons donc pris le temps de simuler plusieurs situations de gestion de crise afin d’ancrer nos pratiques et converger vers une vision commune.
De nombreux autres apprentissages nous ont permis d’évoluer – sur notre communication aux encordés, nos outils internes, les redevabilités de chacun… -, mais nous n’avons pas la place de tous les recenser ici !
Passé le feu de la crise, nous sommes entrés dans une nouvelle phase d’incertitude dont nous ne sommes pas encore sortis.
Convivialité & Covid : trouver la juste posture
Le message du gouvernement est simple : éloignez-vous les uns des autres.
Le message de la Cordée, du coworking et des tiers-lieux est simple aussi : rapprochez-vous les uns des autres.
On aura beau débattre sur la forme, différencier la distanciation physique de la distanciation sociale, les deux injonctions sont contradictoires et n’ont pas de résolution satisfaisante. Dès lors que nous faisons le choix d’exercer notre métier et d’animer des espaces de travail partagé, nous nous retrouvons dans une position d’équilibristes sur un fil tendu entre sécurité et convivialité.
Pour respecter la loi et assumer notre responsabilité, nous avons réaménagé nos lieux de sorte à éloigner les postes de travail les uns des autres, mis à disposition le gel hydroalcoolique et le désinfectant de rigueur, établi un protocole sanitaire au cas où un membre tomberait malade, relayé l’obligation du port du masque.
Dans le même temps, nous avons choisi de maintenir, en les réaménageant, un certain nombre d’événements physiques au cœur de notre activité : pauses déjeuner, apéros, jeux de société, échanges de bonnes pratiques, ateliers de co-développement, permanences entrepreneuriales… autant de moments conviviaux et d’entraide qui font la différence entre La Cordée et un loueur de bureaux classique.
De fait, les questionnements sont permanents au sein de l’équipe et avec les encordés : en faisons-nous trop ? Pas assez ? Jusqu’où pouvons-nous compter sur la responsabilité de chacun ? Quand faut-il faire preuve de plus d’autorité, notamment sur le port du masque ?
Notre juste posture est finalement celle que nous visons au quotidien en tant qu’animateurs et gestionnaires de Cordées : garants d’un cadre de travail convivial pour notre communauté, avec bienveillance et fermeté.
Retrouver l’équilibre économique et financier
La fermeture de nos espaces pendant le confinement et la reprise très progressive de l’activité – traditionnellement ralentie pendant l’été – ont été dommageables à La Cordée comme à l’ensemble des espaces de coworking, bien que les conséquences varient selon les modèles : propriété ou location des locaux, existence ou non de subventions, part de l’activité liée à la privatisation événementielle…
Sur le plan financier, nous ne sommes pas en danger immédiat grâce à l’obtention d’un prêt garanti par l’État (PGE). Comme tout prêt, il faudra néanmoins le rembourser et cela ne nous dispense pas de retrouver un minimum de rentabilité dans les prochains mois.
Pour cela, nous devons faire les bons choix en tenant compte de la grande incertitude qui continue de régner. Nous avons réduit certaines charges mais notre enjeu principal se situe au niveau du chiffre d’affaires. Nous jouons donc sur plusieurs leviers pour retrouver et dépasser un nombre de membres équivalent à celui de début mars (900) : nouvelle stratégie et nouvelle équipe de communication, publicités sur les réseaux sociaux, test de nouveaux tarifs (on vous en parlera bientôt !), partenariats avec des structures d’accompagnement…
Le pilotage de l’entreprise est bien sûr à ajuster en permanence au fil des nouvelles informations dont nous disposons. Nous en discutons sereinement en équipe, avec nos partenaires financiers ainsi qu’avec les encordés. Il y a de nombreuses raisons d’avoir peur, mais il y a encore plus de raisons d’agir. Comme le dit le philosophe : il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté !
L’espace toujours au cœur de notre projet
Nous sommes optimistes car la période actuelle confirme notre croyance première : nous avons tous et toutes besoin d’espace physique pour nous retrouver, échanger, rire, travailler bien sûr, exercer notre imagination, nous laisser surprendre et bien d’autres choses encore… Nous ressentons la diminution des lieux de vie collectifs comme un obstacle à notre épanouissement. Nos émotions, pour bien s’exprimer, passent par les corps en mouvement, les visages en face-à-face, un environnement partagé. Comme à ses débuts il y a dix ans, le coworking est une solution à l’isolement.
Aussi performant soit-il, le numérique est au mieux un bon complément, au pire un facteur supplémentaire d’isolement. Dans notre vision, l’animation à distance vient renforcer la dynamique de la communauté physique sans s’y substituer. C’est ainsi que nous avons conçu Le Refuge, notre réseau social par lequel nos membres peuvent solliciter tout type d’aide : contacts, compétences, retours d’expérience… et transformer l’échange virtuel en rencontre réelle. Nous gardons aujourd’hui en tête cette contrainte lorsque nous lançons nos événements en visio, que ce soit pour créer plus de lien entre professionnels, organiser des jeux de société et des séances de sport inter-villes, ouvrir plus largement l’accès à des permanences pour les entrepreneurs… c’est une opportunité pour créer quelque chose de nouveau, sans empiéter sur la vie de la communauté dans les Cordées.
De nombreux confrères et partenaires – en particulier les structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat – sont confrontés aux mêmes enjeux avec leurs bénéficiaires. Le mouvement du coworking est désormais à un carrefour déterminant. Côté pile, les besoins n’ont jamais été aussi importants sur l’ensemble du territoire. Côté face, la crise économique et sanitaire risque de provoquer la fermeture d’un grand nombre de lieux. Comme nous le disons régulièrement aux journalistes qui nous questionnent sur l’explosion supposée du télétravail, à moyen/long terme la tendance semble très bonne, mais à court terme, il s’agit de survivre.
Pour ce qui concerne La Cordée, toute l’équipe est plus que jamais mobilisée et nous espérons que cela vous donne envie de pousser la porte de notre communauté, avec un masque bien sûr…
Coworking is not dead, we will survive!