Nous vous avions laissés en février dernier sur un cliffhanger de dingue… et vous avez attendu, attendu ! Cet article qui ne venait pas. Combien d’heures avons-nous passé, collectivement en interne ou avec quelques encordés motivés, à réfléchir sur la raison d’être de la Cordée ? Combien d’heures se sont écoulées sans que l’on parvienne à trouver les mots justes, une bonne fois pour toutes ? “La” formulation, l’expression parfaite et acceptée par tous de notre raison d’être ?
Et puis nous nous sommes demandé récemment : n’est-ce pas normal, après tout ? Quelques rappels avant de poursuivre…
Une “raison d’être” : qu’est-ce que c’est, pour quoi faire ?
La raison d’être est la boussole d’une organisation : l’axe directeur qui aide à gouverner le navire, à prendre toutes les décisions. Accepte t-on tel partenariat ? Dans quelle direction allons-nous ? Met-on en place tel nouveau service ?
Dans une entreprise dite “libérée”, ou “opale” (mode d’organisation supprimant les hiérarchies pyramidales traditionnelles au profit de prises de décisions collectives au sein d’équipes de petites tailles), disposer d’une raison d’être forte est tout simplement fondamental, car toute décision est accessible à tout membre de l’organisation. Cela suppose donc une confiance très forte entre tous les membres de l’équipe, et le partage de la même vision, la même cause, la même “raison d’être”.
Ainsi, pour Buurtzorg, entreprise dite “opale” de soins à domicile étudiée par Frédéric Laloux dans son livre Reinventing Organizations ( livre disponible en français dans toutes les Cordées pour les encordé.e.s), la raison d’être est la suivante : “Aider les personnes malades ou âgées à vivre une vie plus autonome et qui vaille davantage la peine d’être vécue.” Toutes réflexion, action, décision prises chez Buurtzorg servent cette cause.
Vous pourriez rapprocher la raison d’être d’une entreprise à son objet social. Mais actuellement, malheureusement, ce dernier fait plutôt office de décoration dans les statuts des entreprises, le seul but réel de ces dernières étant de maximiser la valeur des parts des associés. Si cette question de l’objet social vous taraude également, nous vous invitons à lire l’excellent rapport Notat/Senard à ce sujet (qui est le support actuel de réflexions pour modifier la loi et ajouter ainsi une ligne “intérêt général” à l’objet social, ainsi qu’un nouveau statut d’entreprise “à mission”).
Le rapport complet ici. Une lecture du rapport intéressante ici.
Dès le début de notre travail de libération de l’entreprise, la quête de notre raison d’être est donc devenue un sujet majeur. On y revenait systématiquement : “Oui mais si on avait notre raison d’être on pourrait avancer là-dessus…” Un groupe de travail a très rapidement été créé sur le sujet, et des sessions de brainstorming ont été organisées.
N’en avait-on pas une avant ?
Une raison d’être à la Cordée, ce n’est pas non plus une franche révolution. Le projet n’avançait pas sans cap, sans cause sans laquelle la Cordée ne serait jamais devenue ce qu’elle est aujourd’hui.
Ce qui change, c’est la volonté qu’elle soit :
- Forte et assumée : on veut pouvoir la crier sur les toits
- Universellement partagée par l’équipe : on veut pouvoir crier la même chose
- Clairement identifiée : on veut que n’importe qui puisse monter sur le toit et crier avec nous.
Dès le début, nous n’étions pas si loin : les mêmes mots, les mêmes ressentis, les mêmes volontés, les mêmes motivations rejoignaient chacun des membres de l’équipe. S’il avait fallu que la raison d’être soit un nuage de mots, nous l’avions depuis le début.
Il ne manquait plus que “La” formulation.
Une seule façon de l’écrire ?
Fallait-il un slogan ? Une vraie phrase avec sujet, verbe, complément ? Une injonction ? Une paraphrase ? Un paragraphe même ? C’est en se donnant cette contrainte de la formulation unique que nous n’avons plus pu avancer.
Mais est-ce grave ? Pour le moment, nous faisons le deuil d’une formulation unique. “La” raison d’être pure, absolue, universelle, convenant dans chacun de ses moindres détails à tout individu de près ou de loin impliqué dans le projet Cordée, est peut-être un idéal qui ne sera jamais formulé (peut-être la trouverons-nous la semaine prochaine ?), mais nous savons qu’il est ressenti et approprié par chacun. Et aujourd’hui, c’est bien ça qui compte.
Elle a pu s’écrire de toutes ces manières au cours des derniers mois. Toutes plus ou moins acceptées par tous, toutes parfaites pour l’un, imprécises ou trop précises pour d’autres :
-
Connecter et aider chaque personne à s’accomplir, pour un impact sociétal positif
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Refaire collectif pour transformer positivement la société
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Aider/permettre à chacun de s’accomplir au travail par le collectif
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Permettre aux projets, aux gens et aux âmes de grandir
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Connecter ce que chacun apporte pour faire grandir les projets, les gens et les âmes
Selon les besoins, nous pouvons avoir besoin d’en sortir un slogan, mieux adapté à une situation ou une population en particulier. À d’autres moment, nous pourrons ressentir l’envie de l’expliciter longuement. Tous ces besoins sont légitimes, et toutes les formulations qui en sortiront le seront également.
La raison d’être est également évolutive. Au fil des mois, des années, en fonction de l’évolution du projet, et de la société dans laquelle il s’inscrit, nous aurons peut-être envie de repréciser un élément, de plus concentrer notre attention sur un autre. Ce sera aussi tout à fait légitime, et bien entendu vous serez les premier.e.s à être au courant !
Et vous, quelle est votre raison d’être personnelle ou organisationnelle ?
Très intéressant de se pencher ensemble sur la raison d’être d’une organisation ou simplement d’un projet !
Pour COCREALAB, actuellement, la raison d’être serait sans doute la suivante :
Faciliter la vie des usagers, au quotidien.
Voilà !
Belle journée et bonne suite de réflexion.
Super Emilie, en voilà également une très chouette, de raison d’être :).