Situation initiale et élément perturbateur
Moi, si je devais résumer la Cordée aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Le déjeuner est donc un moment privilégié : rituel social par excellence, il met l’accent sur le plaisir. Et pour se faire plaisir, rien ne vaut une délicieuse spécialité culinaire glanée dans le quartier. Le problème, c’est que pour transporter de la nourriture, on a souvent besoin d’un contenant, et qu’il est souvent plus pratique pour les commerces de fournir une boite plastique à usage unique, dont le cycle de vie est illustré ci-dessous :
C’est quand même bizarre…
On est donc en droit de se demander comment, au sein d’un espace social de que d’aucuns jugeraient bobo, où l’écologie et la justice sociale font partie des préoccupations d’un bon nombre, on pouvait produire des kilos de déchets sans réagir. Pourtant, tout le monde le sait, il existe dans chaque Cordée un placard rempli de boites plastiques plus ou moins réutilisables et plus ou moins collantes parfum “vieille huile rance”… que personne n’utilise ! Oh, quelle mauvaise volonté !
La brigade des tupp’s à la rescousse
En vérité, on a vite compris que si l’on voulait permettre aux membres de mettre leurs actions en adéquation avec leurs valeurs, il fallait leur donner envie. Nous avons testé dans certaines Cordées, la mise à disposition de boites alimentaires en verre, accompagnées de sacs, à proximité de la sortie et le plus visible possible.
L’adoption a été très rapide, principalement grâce à la communication faite par les Couteaux suisses (en charge de faire vivre les espaces), mais aussi grâce à la dynamique de groupe, et finalement par une certaine prise de conscience.
En effet, c’est au moment où l’on essaye de faire les choses différemment que l’on découvre que c’est plus facile qu’on ne le pensait. Une remarque couramment entendue lorsqu’un.e membre revient d’un restaurant avec sa boite en verre est : “Ah mais ils prennent les boites là-bas !?”. À Lyon, nous sommes chanceux, rares sont les restaurants qui refusent d’utiliser nos boites en verre. On voit parfois des sushis servis directement dedans !
“Oui enfin bon, le colibri il meurt à la fin…”
On nous rétorquera peut-être que l’action individuelle ne suffit pas, et c’est vrai ! Le changement passe également par des choix collectifs, donc légaux et institutionnels (je fais 100 % semblant de connaître mon sujet). Difficile par exemple de demander aux périurbain.e.s d’arrêter de rouler en bagnole tant qu’on n’a pas de repensé le réseau de transports en commun, le travail, les modes de consommation, etc. Bref : aménager le cadre et ménager la culpabilité.
Dans le cas présent, je trouve intéressant de voir que ce phénomène se traduit à une échelle intermédiaire : les pratiques individuelles ont changé en réaction à la mise en place d’un service collectif, choix émanant de la Cordée en tant qu’organisation. On pourrait alors supposer, sinon espérer, que cette proposition de changement de mode de consommation ait une influence sur les comportements individuels des membres en dehors de la Cordée (dans la vie de famille, les sorties entre amis, etc), et donc de manière indirecte sur les décisions prises collectivement à d’autres échelles et dans d’autres contextes.
Le cycle du carbone (super intéressant) : https://www.youtube.com/watch?v=jOht6qmuG-k
Formation du pétrole : https://energyeducation.ca/encyclopedia/Oil_formation
Fabrication du plastique : https://inbound.teamppi.com/blog/oil-to-plastic-a-lesson-on-how-plastic-is-made
Superbe! Merci!