Pour rappel, cet article fait le point des définitions que l’on emploie ici, comme « Participer ».
Les membres de la Cordée qui lisent ces lignes se reconnaitront : l’équipe de la Cordée les sollicite souvent pour avoir leur avis sur les espaces de coworking, leur aménagement, les événements… On les incite même, autant qu’on peut, à être force de proposition, à faire et organiser eux-mêmes ce qui peut être utile au groupe ou à leur développement professionnel.
Mais d’où nous vient cette envie d’insuffler la participation ? Et comment la travaille-t-on ?
Le projet initial
En 2011, ce sont deux porteurs de projet, Julie et Michael, qui imaginent ce que sera la Cordée. L’idée est de proposer plusieurs lieux de travail partagés, dans lesquels indépendant·es, créateur·rices d’entreprises, salarié·es, etc. pourraient échanger, s’enrichir, s’entraider et simplement s’épanouir au travail.
Écouter et faciliter
Il était acquis pour ce duo fondateur de laisser de la place aux encordé·es pour qu’ils et elles s’expriment, s’approprient le lieu et insufflent à cette communauté naissante une dynamique collective.
Le premier levier pour permettre cela fut – et reste – l’écoute active. C’est tout simple, et presque évident dès lors que l’on veut gérer avec pertinence une entreprise, mais c’est la base ! Il s’agissait alors d’écouter les retours des premiers membres de la Cordée sur l’offre commerciale, sur la mise en place d’événements pour dynamiser l’espace et renforcer l’entraide et les échanges…
Hier comme aujourd’hui, il nous tient à cœur de les consulter et récolter leurs avis pour ajuster le fonctionnement, mais aussi être à l’écoute lors d’échanges informels et capter les signaux faibles. Bref, être en veille permanente.
La participation comme vecteur de cohésion
On ne choisit pas son lieu de travail par hasard. Si l’on vient travailler à la Cordée, c’est que l’on s’y retrouve : des lieux chaleureux grâce au mobilier coloré et bigarré, une ambiance décontractée et conviviale, des échanges facilités par les Couteaux suisses, des valeurs humaines et écologiques, une certaine manière d’envisager le travail…
Autour de ces grandes caractéristiques, nous cultivons le sentiment d’appartenance comme ciment à l’entraide et aux échanges quotidiens.
Ce sentiment est vécu à des degrés différents. Au minimum, les personnes venant dans nos espaces acceptent d’en faire partie comme utilisatrices qui respectent les règles. Elles font partie d’un réseau professionnel. Au maximum, elles veulent être actrices et se considèrent membres d’une communauté.
Le cas nantais : impulser et s’adapter
Parlons ici de l’ouverture de la seconde Cordée nantaise, par Cécile et Myriam notamment, au bord de l’Erdre. Cécile a tout de suite voulu que ce projet d’ouverture soit plus collaboratif que ceux menés jusqu’à présent. Il y avait une réelle volonté d’intégrer en amont les membres de la première Cordée de Nantes. Mais comment faire lorsque l’on manque de temps et que les travaux doivent rapidement commencer ?
L’équipe a sollicité sa communauté via des outils comme des sondages, des newsletters, une page Web, et en physique au sein du premier espace.
Quelques encordé·es se sont impliqué·es en échangeant beaucoup avec Cécile et Myriam, ont été force de proposition, ont visité le nouveau lieu, ont aidé au montage du mobilier et pour quelques travaux de manutention. Néanmoins, l’implication n’a pas été là où on l’attendait, et c’est toute la beauté d’un tel travail collectif !
En effet, la participation des membres a vraiment connu un gros boost après l’ouverture de ce nouvel espace. Ces derniers se sont appropriés le lieu, ont permis à des pièces de trouver des usages qui n’étaient pas anticipés, ont mis en place, naturellement, de nouvelles pratiques qui n’existaient pas dans le premier… Ainsi, alors qu’on les attendait très en amont, on les a retrouvés un peu plus tard.
Un long processus
Il ne s’agit pas toujours de vouloir du collaboratif pour parvenir à le mettre en place tout de suite. Dans tout projet, le facteur temps est fondamental. La collaboration se cadre et se travaille dans la durée. Concernant Nantes, nos délais étaient trop courts pour laisser se déployer des pratiques totalement collaboratives.
Ce n’est d’ailleurs pas notre proposition de valeur : les membres viennent avant tout chercher un espace de travail dans lequel ils et elles se sentent bien, non faire de la gestion de projet pour ce dernier ! Il est donc normal que leur implication ait été plus participative que totalement collaborative.
Finalement, la dynamique impulsée par Cécile et Myriam a porté ses fruits plus tard. Le tout est de savoir accueillir cela et le laisser se déployer.
Animer une communauté et initier un projet
Il me semble que c’est bien là tout l’enjeu de l’animation de communauté : apporter au collectif les conditions de réalisation de pratiques participatives et/ou collaboratives, le laisser se les approprier d’après ses besoins et ses envies, pour ensuite accueillir et aider à leur mise en place, même si elles ne sont pas celles que nous avions imaginées de prime abord.
En animation, nous devons éviter deux écueils : trop de cadre bride les initiatives et suggestions, mais une autonomie non orientée ne permet pas d’insuffler une dynamique de départ. Dans les deux cas, il ne se passe rien : soit les membres n’osent pas apporter ce qu’ils veulent et ne se sentent pas concernés, soit ils ne savent pas où on les attend ni comment ils peuvent s’impliquer.
Il s’agit donc d’impliquer en partageant toutes les informations nécessaires, en donnant des moyens de participer, en étant moteur mais sans jamais prendre trop de place. L’animateur·rice crée un terrain propice, dynamise le collectif, facilite mais donne aussi les moyens d’une certaine autonomie et sait s’effacer le moment venu.
Et sincèrement, rien n’est plus surprenant, émouvant, et même beau, que de voir un groupe s’emparer d’un projet à travers le temps, le faire sien tout en comptant sur vous pour l’y aider !